Lors d’une réunion à enjeux élevés au Palais de la Nation à Kinshasa, en République démocratique du Congo, les dirigeants régionaux des principaux opérateurs de télécommunications se sont retrouvés dans la ligne de mire du programme fiscal du gouvernement. Convoqués par l’administration du président Félix Tshisekedi, les dirigeants de Vodafone, Orange, Airtel et Africell ont été soumis à un examen minutieux des propositions d’augmentation d’impôts qui menaçaient de dégénérer en une véritable impasse.
À huis clos, Philippe Heilmann, représentant le cabinet de conseil suisse 5C Energy RDC, a lancé un sévère avertissement aux PDG : se conformer ou en subir les conséquences. Cette rencontre a marqué le début d’un processus de négociation tendu qui allait laisser les géants des télécommunications impliqués dans une bataille pour leurs licences d’exploitation et leur stabilité financière.
Bien que la hausse d’impôts proposée ne se soit jamais concrétisée, les entreprises ont finalement accepté un accord différent, jusqu’à présent entouré de secret. Des documents obtenus par Bloomberg révèlent que les sociétés de télécommunications se sont engagées à verser 5,8 millions de dollars supplémentaires par mois au régulateur des télécommunications jusqu’en 2030, pour un total de 585 millions de dollars.
Ce conflit souligne les relations précaires entre les sociétés de télécommunications étrangères et le gouvernement congolais, qui les accuse depuis longtemps d’évasion fiscale. Malgré les dénégations des entreprises, les responsables persistent à les cibler pour obtenir des revenus supplémentaires, une pratique courante dans les économies en développement d’Afrique.
Dans le cas du Congo, où les taxes sur les télécommunications dépassent de huit pour cent la norme régionale, la situation a atteint des niveaux extrêmes. La pression fiscale imposée aux opérateurs menace non seulement leur viabilité financière, mais entrave également les efforts visant à étendre l’accès à Internet et à réduire la fracture numérique dans un pays où des millions de personnes manquent de connectivité.
Les tactiques employées par 5C Energy RDC, désormais connue sous le nom de Veltio Consulting SA, ont fait l’objet d’un examen minutieux, des rapports suggérant des engagements similaires dans d’autres pays africains comme la Gambie. Au Congo, l’implication du cabinet dans l’élaboration des politiques fiscales a suscité la controverse, soulevant des questions sur la transparence et la responsabilité dans les relations gouvernementales.
Alors que les tensions montent, l’intervention internationale devient cruciale. Les diplomates et les gouvernements étrangers dialoguent activement avec les responsables congolais pour répondre aux préoccupations soulevées par les opérateurs de télécommunications. L’Afrique du Sud, en particulier, a condamné la situation, plaidant en faveur d’une résolution garantissant un traitement équitable aux investisseurs étrangers.
Avec la réélection du président Tshisekedi, un optimisme prudent règne quant à un changement de position du gouvernement à l’égard du secteur des télécommunications. Cependant, les actions concrètes restent difficiles à mettre en œuvre, laissant les opérateurs et les investisseurs dans un flou. Alors que l’impasse persiste, l’avenir des télécommunications au Congo est en jeu, avec des implications bien au-delà du domaine de la connectivité.