Le gouvernement du Sénégal a annoncé l’annulation d’un important contrat d’infrastructure d’eau avec la société saoudienne ACWA Power. Initialement évalué à 800 millions de dollars (700 millions d’euros), l’accord visait à construire et exploiter une usine de dessalement à Dakar, signé dans les derniers jours du mandat de l’ancien président Macky Sall. Cette usine, en passe de devenir la plus grande de ce type en Afrique subsaharienne, a été conçue pour produire 400 000 mètres cubes d’eau par jour, répondant ainsi à l’augmentation prévue de 60 % de la demande en eau d’ici 2035.
Cependant, le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Dieye, a cité le fardeau financier à long terme du projet comme la principale raison de son annulation. S’exprimant à la télévision nationale et à l’AFP, Dieye a souligné que la technologie impliquée entraînerait une augmentation des coûts de l’eau, ce qui en ferait une solution non durable. En outre, il a critiqué le calendrier de la signature du contrat, arguant qu’un président proche de la fin de son mandat ne devrait pas s’engager sur des accords à long terme.
Dieye a révélé que le Sénégal aurait payé à l’ACWA entre 20 et 40 milliards de francs CFA (33 millions de dollars) par an pour l’eau, un coût jugé excessif sans évaluations environnementales adéquates. Avec la croissance démographique rapide de Dakar, la demande en eau devrait dépasser 400 000 mètres cubes par jour d’ici quelques années, ce qui compliquera encore davantage la faisabilité du projet.
Le président Bassirou Diomaye Faye, qui a pris ses fonctions en mars, a critiqué les accords internationaux de son prédécesseur, accusant Sall de compromettre la souveraineté du Sénégal en sous-évaluant les actifs de l’État. L’administration Faye réexamine actuellement les accords étrangers dans divers secteurs, notamment les mines, le pétrole et le gaz, dans le cadre d’un effort plus large visant à récupérer le contrôle national sur les ressources vitales.
Alors que les conséquences juridiques de la résiliation du contrat sont en cours d’évaluation, Dieye a noté que, puisque la construction n’a pas commencé, des sanctions financières pour ACWA Power sont peu probables. Cette décision marque une étape importante dans le programme de Faye visant à réévaluer et potentiellement réviser les contrats internationaux afin de mieux les aligner sur les intérêts stratégiques et économiques du Sénégal.